EDITO

Je suis une femme et ce n'est pas facile

Je suis une femme, et, ce n’est pas facile. Ce matin, dans la rue, je me suis faite siffler. Mais ce n’est pas grave. C’est tous les jours comme ça. Dans la rue, on m’interpelle. Des chiens en rut me disent sans scrupules « t’es bonne mademoiselle, tu viens on baise ? ». Seules solutions : faire la sourde oreille et partir à toutes jambes ou répondre « p’tit con » au risque de représailles. Lorsque je me suis retournée pour voir qui était mon siffleur, j’ai vite détourné le regard. L’inconnu se pinçait les lèvres de manière indécente. Je n’étais ni choquée, ni offusquée. Lorsqu’on est un femme, on apprend à vivre avec ces spécimens au quotidien. Vous vous dites sûrement que j’était habillée ou maquillée de façon aguicheuse. Tout dépend, si vous trouvez qu’un jean, un t-shirt, une veste et des baskets est un appel au viol. J’ai appris très jeune à éviter les jupes et les robes, surtout dans le métro où, sans aucune gêne, certains hommes passent leurs mains en dessous. À travers mon jean, je peux sentir les mains voire leurs érections contre mes fesses. Des fois, cela m’arrive même de sortir une ou deux stations avant et de continuer à pied. Et quand il m’arrive de faire ça, j’arrive systématiquement en retard au bureau. Et là commencent les railleries, vannes et autres piques sexistes que je subis au quotidien. Je suis cadre supérieure mais pourtant considérée comme inférieure à mes subalternes masculins. La preuve, je gagne moins qu’eux pour plus de travail fourni et un poste plus prestigieux. C’est parce que je suis une femme : je peux tomber enceinte, je ne suis pas un salariée « fiable » pour l’entreprise, il paraît.

Je suis une femme, et ce n’est pas facile. Ça, je l’ai compris dès l’enfance. Lorsque je voulais faire comme mon grand frère, ma maman me disait que je ne pouvais pas parce que j’étais une fille. Je n’étais pas autorisée à grimper aux arbres ou à jouer au ballon. Lorsque je voyais papa taper maman, et que maman reconnaissait le mériter parce qu’elle n’avait pas obéis, son arcade ouverte et sa lèvre fendue, elle excusait mon père parce qu’il était un homme.

Je suis une femme et ce n’est pas facile. Je ne comprenais pas pourquoi je ne pouvais pas avoir ce super circuit de petites voitures pour mon anniversaire. Je l’avais vu à la télé et j’en rêvais. Ma maman a ris en me disant que ce n’était pas un jouet de fille. J’ai reçue une Barbie.

Je suis une femme et ce n’est pas facile. Et si l’on croit que plus le temps passe, plus les choses s’améliorent, je peux affirmer que rien n’est moins faux. Je suis une femme occidentale et ce n’est pas facile, alors imaginez ailleurs. Là où l’excision et le mariage forcé sont simplement les bases de la condition féminine. Nous sommes des femmes, et croyez-moi, ce n’est pas facile, encore en 2017.

Aujourd’hui encore, le combat pour les femmes continuent en France. Certaines se sentent toujours stigmatisées. D’autres hommes ne l’entendent pas de cette oreille. Le mois dernier, premier apéro féministe à Nice. Rencontre avec ces femmes qui se battent pour l’égalité.

Etre féministe en 2017 c’est aussi adhérer à ne nouvelle forme de millitantisme. Et pour toutes celles qui ne se sentent pas à l’aise de défiler dans la rue avec des pancartes, internet est le lieu idéal des revendications. Créé en 2012 par des étudiants de l’Université d’Avignon, le tumblr Paye ta Shnek est devenu un phénomène dénonçant le sexisme. Le principe : poster des témoignages de remarques ou d’actes sexistes qui sont arrivé à des femmes. Après tout, les femmes vivent réellement avec ces horreurs au quotidien. Et si elles n’en parlent pas toujours pour ne pas se recevoir un « il te trouvait jolie estime-toi heureuse » en guise de réponse, Paye ta shnek semble être LA plateforme idéal pour vider son sac.

Dénoncer le sexisme ordinaire

L’impression de ne pas être seule. Toutes les filles se sont déjà faites emmerder par des hommes dans la rue, ou même ailleurs. Et si on le sait tous plus ou moins, c’est quand même bien sympa de pouvoir en parler un peu, parce qu’en général, on évite le sujet, en se disant que ça arrive souvent, que c’est pas si grave. D’ailleurs, c’est en cela que réside le sexisme ordinaire, parce que c’est devenu une banalité, on s’efforce de ne plus y faire vraiment attention.

C’est sûrement pour cette raison que le Tumblr a eu autant de succès. Aujourd’hui, il y a même une page Facebook. Le mot d’ordre : faire partager sa « mauvaise expérience ». C’est un peu un élan de solidarité chacune dans son coin. On relate les faits en précisant l’âge de la victime, le lieu, le contexte pour dénoncer ces paroles déplacés. Loin d’être une révolution, cela permet néamois de montrer qu’être une femme, en 2017, c’est toujours pas facile.

Success story

Le succès était à prévoir. Paye ta shnek a eu tellement de succès que d’autres pages du même accabit se sont mises à fleurirent sur la toile. Un concept identique mais des témoignanges qui s’appliquent à un mlilieu spécifique. Alors que le site initial est plutôt ciblé sur le harcélement de rue, Paye ta blouse, Paye ta fac, paye ton journal, etc.. relate les mêmes faits mais en milieu hospitalier, universitaire ou dans les milieu médiatique.

Parce que le sexisme c’est partout, tout le temps, même au travers d’une blague ou d’une répartie qui manque de finesse. Mais on va pas se voiler la face. Le sexisme ordinaire c’est surtout des insultes et des tournures de phrases imbibées d’une bonne dose d’indécence et d’un cruel manque de respect, et les femmes en ont marre de devoir laisser passer cela.

Le sexisme et les médias : le début d’une nouvelle forme de harcèlement ?

L’animatrice prise pour cible à la télé, la femme réduite à l’état d’objet sur internet, ou encore la petite amie humiliée sur les réseaux sociaux ... Au XXIe siècle, ça ne choque personne. A vrai dire, c’est entré dans les moeurs. Pourtant, ce genre de comportement ouvertement sexiste est présent quotidiennement sur les écrans, souvent tourné à la dérision pour que la pilule soit mieux avalée. Les médias sont devenus le nouveau relais en matière d’humiliation et de harcèlement des femmes.

Vers du sexisme 2.0

« Et mademoiselle t’es charmante ! » Se faire siffler en pleine rue de manière très instante, déjà assez outrageant comme ça, mais totalement passé de mode ! Place au sexisme 2.0. Au moins, tout le monde le voit, tout le monde le sait, et encore pire, tout le monde le cautionne. Cette pratique assez récente se répand pourtant de plus en plus dans les médias, en particulier audiovisuel, et sur internet, via les réseaux sociaux. Ces émissions qui dégradent sans scrupule l’image de la femme

En 2006, la rencontre entre l’animatrice, Cécile de Ménibus, et la célèbre star du X, Rocco Siffredi, dans l’émission la Méthode Cauet, avait marqué les esprits. Gestes déplacés. L’acteur porno s’est permis d’adopter un comportement totalement inapproprié et n’a pas épargné l’animatrice qui n’a rien demandé. Il n’a pas hésité une seule seconde, l’a soulevée, et s’est mis à mimer un acte sexuel relativement brutal avec elle. Choquante et offensante, à l’époque, la scène avait fait bien rire les téléspectateurs. Il y a peu, Cécile de Ménibus est revenue sur cet épisode, dans une interview pour Télé-Loisirs : l’une des « pires rencontres de ma vie ». Après coup, l’animatrice ne pèse plus ses mots pour parler de cette expérience traumatisante, qui apparemment s’est poursuivie en coulisse : « Il fait 1,90 m. Il m’a attrapé au cou comme ça et il m’a fourré sa langue dans la bouche. J’ai dû appeler la sécurité », « C’est du viol, en fait. Ni plus, ni moins, du viol », a-t-elle déclaré à Télé-Loisirs.

On ne peut pas dire que les émissions actuelles soient en reste. Touche Pas à Mon Poste, avec Cyril Hanouna, a su prendre la relève. Le programme rassemble près d’un million de spectateurs tous les soirs. Ce qui ne l’empêche pas, depuis sa création en 2010, d’accumuler les scandales. Agressions, humiliations, canulars poussés à l’extrême, clashs violents ... tout le monde y passe, y compris la gente féminine qui en prend pas mal pour son grade. Le 23 novembre 2016, l’émission a écopé d’une mise en demeure, la faute à Jean-Michel Maire. Le chroniqueur avait embrassé le sein d’une jeune femme sans son autorisation. Un mois plus tard, c’est Cyril Hanouna, qui pose la main de la chroniqueuse, Capucine Anav, sur son sexe. Si on creuse plus loin, en 2013, une intermittente du spectacle, qui travaillait pour TPMP, s’est invitée sur le plateau pour dénoncer les trop faibles salaires des intermittents. Peu de temps après, cette même femme a été licenciée. Qu’il soit bon ou mauvais, le programme d’Hanouna se nourrit de son buzz médiatique, souvent peu respectueux des femmes.

Les réseaux sociaux : cours de récrée de l’humiliation

Du côté des réseaux sociaux, l’humiliation va bon train. La dernière tendance : se moquer publiquement de sa petite amie, à travers des vidéos. Bien sur, le but est d’amuser la galerie. Tout est question de buzz. On peut facilement tomber sur ce genre d’extraits sur Facebook, Twitter ou Youtube. Certains préfèrent faire passer madame pour une « cruche ». D’autres, plus subtiles, ne manquent pas d’inspiration pour la ridiculiser physiquement, en la mettant dans des situations compromettantes.

Jen, une jeune américaine en a fait les frais. Elle est la victime préférée de son petit ami, Brad. Ce dernier l’a, à plusieurs reprises, filmé après lui avoir fait un sale coup. Il partage ensuite les vidéo sur ses réseaux sociaux. La première a avoir fait le buzz, c’est sans conteste celle où Brad coupe les cheveux de Jen dans son sommeil. Très fachée, sa réaction avait bien fait marré Brad qui a donc décidé de récidiver. Poussant son imagination à l’extrême, le jeune homme n’a pas trouvé plus stupide que de frotter un piment sur le tampon de sa compagne, puis de refermer l’emballage comme de rien n’était ... « C’est la farce du mois pour Jenny, s’amuse-t-il, je vais le frotter sur ce tampon et nous allons voir ce qui se passe».Très humiliant, la jeune femme est filmé dans une posture délicate, assez intime. Plus que ça, l’épisode a du être très douloureux. On peut l’entendre dire : « C’est tout en feu », avant de hurler sur son ami et de lui demander de quitter au plus vite les lieux. Le plus choquant reste surement le fait que le passage est disponible sur dailymotion, librement,dans la catégorie humour & divertissement.

Internet, aussi un moyen de défendre le féminisme

Ils sont peu, mais ils existent. Les plus intelligents choisissent d’utiliser le net en faveur de la cause féminine. La youtubeuse Antastesia a crée sa chaîne youtube et publie principalement des vidéos en lien avec le féminisme. Féminisme et communisme, Prostitution et féminisme, Les poils au féminin, Féminisme et relations avec les hommes, autant de thèmes qu’elle ose aborder sans tabou.

Et, comme rien n’est perdu pour tout le monde. Orelsan, celui qui en a outré plus d’une avec ses chansons, a finalement trouvé la lumière. On se souvient tous de son tube St Valentin : des paroles ultra sexistes, reflétant une image dégradante au plus au point de la femme. Il lui avait valu une poursuite en justice pour «incitation à la violence envers les femmes».

Et surtout, il avait attisé la colère des groupes féministes, qui n’ont pas manqué de parodier la chanson. Finalement, Orelsan a compris la leçon. Maintenant il file droit et pour le prouver il a publié une vidéo «féministe» sur sa chaine youtube Bloqués. Il y débat des inégalités homme / femme qui persistent encore aujourd’hui dans notre société. Comme quoi, même les « pires » peuvent se repentir.

La parité en politique : un objectif encore en chantier

La différence entre l’homme et la femme ne vient pas de la rudesse des hommes ou de la grande sensibilité des femmes ça n’a rien à voir non plus avec le fait que les femmes jouent à la poupée et les hommes aux petites voitures. Non l’indifférence se tient dans les chiffres ceux des salaires qui sont moindres et dans la présence elle-même des femmes à des postes clés. Dans le paysage politique rien ne fait exception au contraire.

En matière de représentation parlementaire comme dans de nombreux autres domaines on est encore loin de la parité. Seul deux Pays dépassent la barre des 50 % de femmes au Parlement. Le Rwanda, grand champion, et la Bolivie. Aussi difficile que cela puisse paraître. Le seuil de 30 % est que très rarement atteint. Seul un quart des pays le franchisse, sois 47 parlements nationaux plus le parlement européen qui compte 36 % de femmes.

Avec 26 % de députés féminines, La France elle ne fait pas partie du groupe de tête. Elle est même 58e au classement général loin derrière le Soudan le Sénégal ou la Tanzanie. Mais l’honneur est sauf car la France est au-dessus de la moyenne mondiale avec 22 % de femmes députés. Bien que l’on soit en 2017 et il existe encore des parlements 100 % masculins et parmi ces champions du sexisme plusieurs micros états du Pacifique comme la Micronésie le Vanuatu, le Palau et le Tonga. Mais il y a également le Qatar ou le Yémen. Si la proportion de femmes députés n’est pas forcément un indicateur de démocratie, c’est en revanche d’après l’ONU un outil pour mesurer l’intégration des femmes à la vie politique.

Parmi les autres éléments à prendre en compte et leur participation à l’exécutif. Là aussi des progrès restent à faire. Seul 30 pays ont au moins 30 % de femmes ministres et dans le monde 16 seulement sont dirigées par des femmes.Parfois pour faire réagir le monde des médias sont prêts à réagir, comme l’a fait le magazine Elle en 2015 lorsqu’elle a décidé de supprimer les hommes des photos officielles tel que la « Marche du 11 janvier 2015 ». Ceci a été fait dans le cadre de la campagne #ElleFeminism et le moins que le puisse dire c’est que le résultat est assez saisissant.

Pour la première fois en 2015, la parité fut instaurée par la loi aux élections départementales. Les Français et Française votaient donc pour 2 054 binômes. Un homme et une femme. À la fin seules huit femmes seront élues présidente de département. Pour le moment les conseils départementaux sont les seules assemblées à être quasiment paritaires. Seulement comme les assemblées de Guyane et de Martinique ne s’étaient pas renouvelées en mars 2015, la parité dîte globale n’est pas réellement respectée : 2 064 femmes pour 2 102 hommes.

La place de la femme en politique reste, en France et dans le monde en général, loin de celle de l’homme. Mais certaines personnes ne s’étonnent pas forcément de cet écart qui peut être dû selon eux à une qualification plus importante des hommes dans le domaine politique. Instaurer des quotas pourrait revenir à discriminer les hommes.

Liberté de la femme et religion sont deux notions liés. N’en déplaise aux conservateurs, la place de la gente féminine dans les différentes formes du Christianisme, du Judaïsme ou de l’Islam a considérablement évolué. Mais les récentes polémiques en France à ce propos ne touchent que la dernière d’entre elles, pourtant la seconde plus populaire. Voile, Burka et autre burkinis sont autant de mots pour une seule question. Est-il possible d’être féministe et croyante dans un monde encore trop régit par des traditions patriarcales ?

ÊTRE FEMINISTE EN 2017
  1. EDITO
  2. Petite chronologie
  3. Reportage à Nice
  4. Paye ton sexisme
  5. Le sexisme et les médias : le début d’une nouvelle forme de harcèlement ?
  6. La parité en politique : un objectif encore en chantier
  7. Des inégalités à travers le monde
  8. Le feminisme dans l'Islam